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TENTATION Page 17


  — Balade. Tu n'es pas le seul à être obsessionnel, tu sais. Je commence à croire que j'ai inventé cet endroit...

  — On le trouvera, affirma-t-il. Moto lundi et vendredi, alors ?

  Voyant là l'occasion de mettre les points sur les i, je répondis sans réfléchir :

  — Je vais au cinéma, vendredi. Voilà des mois que mes potes de la cantine me harcèlent pour que je les accompagne.

  Mike allait être ravi. Le visage de Jacob se ferma. J'eus le temps de repérer la peine dans ses yeux avant qu'il les baisse.

  — Mais tu viendras aussi, non ? m'empressai-je d'ajouter. Ou ce sera trop pénible de traîner avec une bande de raseurs de Terminale ?

  Tant pis pour la nécessité de mettre un peu de distance entre nous. Il m'était insupportable de blesser Jacob. Un lien étrange nous unissait, et son chagrin ne manquait jamais de déclencher le mien. Par ailleurs, profiter de sa compagnie pour affronter cette épreuve n'était pas sans me plaire. J'avais promis à Mike d'aller au cinéma avec lui, cela ne signifiait pas pour autant que l'idée me remplissait d'une joie incommensurable.

  — Tu as vraiment envie que je vienne, alors que tu seras avec tes amis ?

  — Oui, avouai-je sans difficulté. Je m'amuserai beaucoup plus si tu es là.

  J'étais consciente d'être sans doute en train de me tirer une balle dans le pied.

  — Amène Quil, qu'on rigole.

  — Il va flipper à mort, s'esclaffa-t-il. Des filles de Terminale !

  — Je tâcherai de lui fournir un échantillon des meilleures !

  Je ne mentionnai pas Embry. Lui non plus.

  Le lundi, j'abordai le sujet avec Mike après le cours d'anglais.

  — Hé, Mike ! Tu es libre, vendredi ?

  Il releva la tête, de l'espoir plein ses yeux bleus.

  — Oui. Pourquoi ? Tu veux qu'on sorte ?

  J'avais soigneusement préparé ma réponse.

  — Je pensais qu'on pourrait se payer une toile avec toute la bande, annonçai-je en insistant sur les derniers mots. La Mire, ça te dit ?

  J'avais bien bossé, cette fois. J'avais même parcouru les critiques pour être certaine que je ne serais pas prise en défaut. Ce film était censé être un bain de sang du début à la fin. Je n'allais pas encore assez bien pour supporter une histoire romanesque.

  — Pourquoi pas ? marmonna-t-il, avec beaucoup moins d'empressement, soudain.

  — Super !

  Au bout de quelques secondes, il retrouva sa bonne humeur initiale.

  — On propose ça à Angela et Ben ? Ou à Eric et Katie ?

  — Pourquoi pas à tous ? suggérai-je. À Jessica aussi, bien sûr. Sans oublier Tyler, Conner. Et, peut-être, Lauren, précisai-je sans enthousiasme.

  Après tout, j'avais promis que Quil aurait droit à du choix.

  — D'accord, murmura Mike.

  — Et puis, continuai-je sans me démonter, j'ai invité deux amis de La Push. Si tout le monde vient, on va avoir besoin de ta Suburban.

  — Ce sont les gens avec qui tu passes tout ce temps à étudier ? demanda-t-il, suspicieux.

  — Eux-mêmes ! m'exclamai-je joyeusement. En fait, ce serait plutôt une espèce de tutorat, vu qu'ils ne sont qu'en Seconde.

  — Oh !

  Il parut surpris, puis sourit.

  Finalement, nous n'eûmes pas besoin du 4 × 4. Jessica et Lauren prétendirent qu'elles étaient occupées dès que Mike eut laissé échapper que je serais de la partie. Eric et Katie avaient déjà prévu quelque chose, pour fêter leurs trois semaines ensemble ou je ne sais quoi. Lauren réussit à intercepter Tyler et Conner avant Mike, si bien qu'eux aussi étaient pris. Même Quil ne pouvait se libérer — il était puni pour s'être battu au lycée. Au bout du compte, seuls Angela, Ben et, naturellement, Jacob furent à même de participer à la sortie. Cela ne calma pas les ardeurs de Mike, cependant ; le vendredi, il ne parla que de ça.

  — Tu es sûre que tu n'as pas plutôt envie de voir Demain et à jamais ? me demanda-t-il au déjeuner, faisant allusion à la comédie romantique qui était le succès du moment. La critique est excellente.

  — Non, je suis d'humeur à regarder des films d'action. Du sang et des larmes !

  — Bon.

  Il se détourna, mais j'eus le temps de remarquer son expression « tout-compte-fait-elle-est-peut-être-folle ».

  Lorsque je rentrai du lycée, une voiture extrêmement familière était garée dans l'allée. Appuyé contre le capot, Jacob souriait de toutes ses dents.

  — Génial ! hurlai-je en sautant de la Chevrolet. Tu as réussi ! Je n'en reviens pas ! Tu as fini la Golf !

  — Hier soir, s'exclama-t-il en rougissant de plaisir. C'est son voyage inaugural.

  — Incroyable !

  Je levai la main pour qu'il m'en tape cinq. Il claqua sa paume contre la mienne, mais ne la retira pas, nouant au contraire ses doigts autour des miens.

  — Alors, c'est moi qui conduis, ce soir, hein ?

  — Assurément.

  Je soupirai.

  — Qu'y a-t-il ?

  — J'abandonne, je ne serai jamais à la hauteur. Tu as gagné. C'est toi le plus vieux.

  — Ben, c'est évident, répondit-il en haussant les épaules, comme s'il s'était attendu à ma capitulation.

  À cet instant, la Suburban de Mike tourna au coin de la rue. Je retirai ma main de celle de Jacob, qui fit une grimace que je n'étais pas censée voir.

  — Je me souviens de ce type, murmura-t-il tandis que Mike se garait le long du trottoir opposé. C'est lui qui croyait que tu étais sa petite amie. Il est toujours dans l'erreur ?

  — Certaines personnes sont difficiles à décourager, admis-je.

  — Il faut dire que la persévérance est parfois récompensée.

  Mike sortit de voiture et s'approcha de nous.

  — Salut, Bella !

  Ses yeux se portèrent sur Jacob, immédiatement prudents. J'inspectai brièvement l'Indien en essayant d'être objective. Il n'avait pas du tout l'air d'un élève de Seconde. Il était si grand ! Il dominait Mike d'une bonne tête. Quant à moi, je n'osai même pas envisager notre différence de taille. Son visage avait également gagné en maturité, y compris depuis un mois que je le fréquentais.

  — Salut, Mike ! Tu te rappelles Jacob Black ?

  — Pas vraiment, répondit-il en tendant la main.

  — Un vieil ami de la famille, se présenta Jacob.

  Ils échangèrent une poignée de main plus vigoureuse que nécessaire et, quand ils se lâchèrent, Mike ne put s'empêcher de plier plusieurs fois les doigts. À l'intérieur, le téléphone sonna.

  — J'y vais. C'est sans doute Charlie.

  C'était Ben. Angela avait attrapé sa grippe intestinale, et il ne voulait pas sortir sans elle. Il s'excusait de ce faux bond. Je retournais lentement auprès des garçons, mal à l'aise. J'espérais qu'Angela se remettrait rapidement, mais j'avoue que j'étais égoïstement déçue par la tournure qu'avaient prise les choses. Seuls tous les trois, Mike, Jacob et moi, pour une soirée complète en perspective — c'était franchement génial... À se demander qui allait tenir la chandelle ! En tout cas, les deux garçons n'avaient visiblement pas progressé dans leur affection réciproque quand je les retrouvai. À quelques mètres l'un de l'autre, ils m'attendaient en se regardant en chiens de faïence. Mike arborait une expression maussade ; Jacob affichait son éternelle bonne humeur.

  — Angela est malade, leur annonçai-je d'une voix lugubre. Elle et Ben ne peuvent pas venir.

  — C'est une véritable épidémie, commenta Mike. Austin et Conner étaient absents, aujourd'hui. On devrait peut-être remettre ça.

  J'allais accepter avec soulagement, quand Jacob intervint.

  — Moi, je reste partant. Mais si tu préfères laisser tomber...

  — Non. C'était seulement par égard pour Angela et Ben. Allons-y.

  Il fonça vers son 4 × 4, le déverrouilla.

  — Hé, le hélai-je, ça ne t'embête pas si nous prenons la voiture de Jacob ? Il vient juste de la terminer. Il l'a const
ruite de ses propres mains, à partir de rien.

  Je m'aperçus que je me vantais, aussi fière qu'une mère dont l'enfant avait reçu les félicitations du conseil de classe.

  — Pas de problème, acquiesça Mike en claquant sa portière un tout petit peu trop violemment.

  — C'est parti, alors, commenta Jacob.

  Il paraissait le plus à l'aise de nous trois. Mike grimpa à l'arrière de la Golf, une moue renfrognée sur le visage. Toujours aussi solaire, Jacob bavarda avec moi jusqu'à ce que j'oublie le boudeur derrière nous. Ce dernier décida soudain de changer de stratégie. Se penchant en avant, il posa son menton sur le dossier de mon siège. Sa joue touchait presque la mienne, et je m'écartai légèrement en faisant mine de regarder par la fenêtre.

  — La radio ne fonctionne pas, dans cette bagnole ? demanda Mike avec des accents irrités, interrompant Jacob au milieu d'une phrase.

  — Si, répliqua ce dernier, mais Bella n'apprécie pas la musique.

  Je le contemplai avec stupeur. Je ne lui avais jamais confié cela.

  — Bella ? insista Mike.

  — Il a raison, marmottai-je sans quitter des yeux le profil serein de notre chauffeur.

  — Comment peux-tu ne pas aimer la musique ? s'entêta Mike, peu amène.

  — Je n'en sais rien. Elle m'agace.

  Émettant un son dégoûté, Mike regagna le fond de la banquette.

  Une fois au cinéma, Jacob me tendit une coupure de dix dollars.

  — Qu'est-ce qui te prend ?

  — Je n'ai pas l'âge requis pour voir celui-là, expliqua-t-il.

  — Eh bien, m'esclaffai-je, voilà qui remet les pendules à l'heure, monsieur le quadra. Billy risque-t-il de me tuer si je te fais entrer ?

  — Non, je lui ai déjà dit que tu comptais dépraver le jeune innocent que je suis.

  Je ris de plus belle. Mike pressa le pas pour rester à notre hauteur. Je regrettais presque qu'il n'eût pas décidé de déserter. Il persistait à se montrer grognon, ce qui n'allégeait pas l'atmosphère. En même temps, passer la soirée seule avec Jacob ne m'aiderait pas à clarifier nos relations.

  Le film correspondait exactement à ce que sa promotion avait promis. Rien que pendant le générique, quatre personnes périrent dans des explosions, et une cinquième termina décapitée. La fille assise devant moi se cacha les yeux et enfouit son visage dans l'épaule de son compagnon, lequel lui tapota l'épaule en grimaçant. Mike semblait ne pas regarder l'écran. Ses traits étaient figés, ses prunelles furieuses fixées sur la bordure du rideau qu'on avait relevé. Je m'installai confortablement pour endurer les deux heures à venir, m'attachant plus aux couleurs et aux mouvements des images qu'aux silhouettes des personnages, des voitures et des maisons. Tout à coup, Jacob se mit à ricaner.

  — Qu'est-ce qu'il y a ? chuchotai-je.

  — Le sang de ce mec vient de jaillir à plus de six mètres de là ! siffla-t-il. Dans le genre irréaliste, tu connais pire ?

  À cet instant, une nouvelle victime fut clouée au sol par un mât de drapeau, et il étouffa de nouveaux rires. Du coup, je prêtai une réelle attention à ce qui se passait, pouffant avec lui au fur et à mesure que le chaos atteignait des sommets de ridicule. Comment diable allais-je lutter contre l'ambiguïté de nos relations si je prenais autant de plaisir à sa compagnie ?

  Mes deux prétendants s'étaient approprié les accoudoirs de mon fauteuil. Leurs mains respectives y reposaient dans une position artificielle, paumes en l'air, tels des pièges à ours prêts à se refermer sur leur proie. Jacob avait l'habitude de s'emparer de ma main dès que l'opportunité s'en présentait mais ici, en plein cinéma, avec Mike qui guettait, ce geste aurait pris une signification particulière, ce qu'il savait, j'en étais certaine. L'attitude absolument identique de Mike me laissait pantoise. Je croisai les bras contre ma poitrine en espérant qu'ils se maîtriseraient.

  Ce fut Mike qui renonça le premier. À environ la moitié du film, il retira son bras et, s'inclinant, appuya son menton sur ses mains. D'abord, je crus qu'une des images atroces qui défilaient sous nos yeux le chamboulait, mais il geignit, ce qui m'alerta.

  — Ça va, Mike ? chuchotai-je.

  Le couple devant nous se retourna quand il poussa une nouvelle plainte.

  — Non, haleta-t-il. Je crois que je suis malade.

  La lumière tamisée provenant de l'écran me permit de distinguer le voile de sueur qui perlait sur son visage. Il grogna encore, puis se précipita vers la sortie. Je me levai pour le suivre, aussitôt imitée par Jacob.

  — Non, murmurai-je. Reste. Je vérifie juste qu'il tient le choc.

  Il m'accompagna néanmoins.

  — C'est inutile, insistai-je. Profite de tes huit dollars d'horreur.

  — Ce n'est pas grave. Décidément, Bella, tu as des goûts douteux. Ce film est minable.

  Nous débouchâmes dans le hall du cinéma. Il n'y avait aucune trace de Mike, et je fus soulagée que Jacob ait insisté pour venir avec moi, car il s'engouffra dans les toilettes des hommes afin de s'assurer que Mike s'y trouvait. Il revint au bout de quelques secondes seulement.

  — Il est bien là, m'annonça-t-il en levant les yeux au ciel. Quelle mauviette ! Tu devrais t'accrocher à un type un peu plus résistant. Un mec qui rigole en voyant du sang au lieu de vomir.

  — Merci du conseil. Je tâcherai d'y penser.

  Il n'y avait que nous dans les parages. Les deux films projetés n'en étaient qu'à leur moitié, et le silence était tel que nous percevions le bruit de la machine à pop-corn, près de l'entrée. Jacob alla s'asseoir sur le banc capitonné qui s'alignait contre le mur et m'invita à le rejoindre en tambourinant sur le velours.

  — Il m'a donné l'impression qu'il allait en avoir pour un moment, dit-il en étendant ses grandes jambes devant lui, prêt pour une longue attente.

  En soupirant, je m'installai près de lui. J'avais le sentiment qu'il n'en avait pas terminé de son laïus et, comme par hasard, dès que je me fus assise, il passa son bras autour de mes épaules.

  — Jack ! protestai-je en reculant.

  Il ôta son bras, l'air pas le moins du monde vexé par ma rebuffade. Au lieu de ça, il s'empara fermement de ma main, et ses doigts emprisonnèrent mon poignet lorsque j'essayai de la lui reprendre. D'où lui venait ce culot infernal ?

  — Juste une seconde, Bella, lâcha-t-il calmement. J'ai besoin de savoir.

  Je pinçai les lèvres. Je n'avais pas envie de cette confrontation. Ni maintenant, ni jamais. Rien n'était aussi important dans mon existence désormais que Jacob Black. Malheureusement, il paraissait prêt à tout gâcher.

  — Quoi ? marmonnai-je, revêche.

  — Tu m'aimes bien, non ?

  — Tu sais que oui.

  — Plus que le plaisantin qui est en train de dégobiller tripes et boyaux dans les toilettes ?

  — J'imagine.

  — Plus que n'importe quel gars de ta connaissance ?

  Il était posé, serein, comme si ma réponse importait peu, qu'il avait déjà deviné ce que j'allais dire.

  — Et que n'importe quelle fille aussi.

  — Mais c'est tout.

  Ce n'était pas une question. J'eus du mal à confirmer. Serait-il blessé ? Me fuirait-il ? Le supporterais-je ?

  — Oui, chuchotai-je.

  — Ce n'est pas grave, me sourit-il. Du moment que c'est moi que tu préfères. Et que tu penses que je ne suis pas mal, physiquement. J'attendrai. Jusqu'à ce que tu craques.

  — Je n'ai pas l'intention de craquer.

  Malgré mes efforts pour être légère, je perçus la tristesse de ma voix. Lui n'était plus railleur mais songeur.

  — C'est encore l'autre, n'est-ce pas ?

  Je flanchai. C'était étrange. D'instinct, il paraissait avoir compris qu'il ne fallait pas prononcer son prénom. Comme pour la musique, dans la voiture. Il décelait tant de choses me concernant que je lui avais tues.

  — Tu n'es pas obligée d'en parler, me rassura-t-il.

  J'acquiesçai, reconnaissante.

  — Mais ne te fâche p
as après moi parce que je m'accroche à tes basques, d'accord ? enchaîna-t-il en caressant le dos de ma main. Parce que je ne renoncerai pas. Du temps, j'en ai à revendre.

  — Tu ne devrais pas le gaspiller pour moi, soufflai-je.

  Alors que, au contraire, j'en avais envie. Surtout s'il était prêt à m'accepter telle que j'étais, rien de moins que de la marchandise abîmée.

  — C'est ce que je veux, à condition que tu apprécies toujours ma compagnie.

  — Je n'arrive pas à envisager comment je pourrais me passer de toi, avouai-je.

  — Voilà qui me permettra de tenir le coup ! s'exclama-t-il, ravi.

  — N'empêche, n'attends pas plus de moi, l'avertis-je en m'efforçant de récupérer mes doigts.

  Il s'y agrippa encore plus fort.

  — Que je te tienne la main ne t'ennuie pas vraiment, hein ?

  — Non, soupirai-je.

  En vérité, c'était même agréable. Sa peau était plus chaude que la mienne. J'avais toujours si froid, ces derniers temps.

  — Et tu te fiches de ce que lui pense, poursuivit-il en désignant les toilettes du menton.

  — Il me semble, en effet.

  — Alors, où est le problème ?

  — Le problème, c'est que ce geste signifie autre chose pour moi que pour toi.

  — Ça, c'est mon problème.

  — À ta guise, grommelai-je, mais ne l'oublie pas.

  — T'inquiète. On dirait que c'est moi qui ai la grenade dégoupillée entre les pattes, maintenant, non ?

  Il planta un doigt taquin entre mes côtes. Je levai les yeux au ciel. Après tout, s'il souhaitait en plaisanter, libre à lui. Il rigola en silence tandis que son auriculaire errait doucement sur le flanc de ma main. Soudain, il la retourna.

  — Tu as une drôle de cicatrice, là. Comment t'es-tu fait ça ?

  Son index suivit le tracé du long croissant argenté qu'on distinguait à peine sous ma peau pâle.

  — Tu crois que je me rappelle d'où proviennent tous mes stigmates ? ronchonnai-je.

  J'attendis que le souvenir me frappe, qu'il rouvre le trou béant. Mais, comme souvent, la présence de Jacob m'épargna cette épreuve.

  — Elle est froide, murmura-t-il en palpant l'endroit où James avait planté ses dents.