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HÉSITATION Page 10
HÉSITATION Read online
Page 10
— Il tient vraiment à me tuer ? rigola Jacob, guère ému par ma colère.
— Presque autant que tu te ferais un plaisir de le massacrer, braillai-je, folle de rage. Au moins, lui sait être adulte. Il a compris que toucher à toi me blesserait, alors il se retiendra toujours. Toi en revanche, tu as l’air de te moquer complètement de mes sentiments.
— Ben voyons ! Monsieur est un pacifiste, maintenant !
— Ah, tu m’énerves !
J’arrachai ma main à la sienne, ramenai mes genoux contre ma poitrine et m’enroulai étroitement dans mes bras, yeux fixés sur l’horizon. Je fulminais. Jacob garda le silence durant quelques minutes, puis finit par se lever et par s’asseoir à mon côté. Il tenta de me prendre par l’épaule, je le repoussai.
— Excuse-moi, murmura-t-il. Je vais tâcher d’être sage.
Je ne répondis pas.
— L’histoire de Sam t’intéresse encore ?
Je réfléchis, acquiesçai.
— Comme je te l’ai dit, elle est longue. Et très… étrange. Notre nouvelle vie comporte tant d’aspects bizarres, du reste. Je n’ai pas eu le temps de t’en raconter la moitié. Quant à ce qui s’est passé pour Sam… je ne suis pas certain d’être capable de l’expliquer convenablement.
Malgré mon irritation, ces paroles avaient piqué ma curiosité.
— Je t’écoute, lâchai-je, revêche.
Du coin de l’œil, je remarquai son sourire.
— Les choses ont été bien plus difficiles pour lui que pour nous. Il était le premier, et seul, sans quiconque pour lui expliquer les événements. Son grand-père était mort avant que lui ne naisse, et son père n’avait jamais été là. Bref, personne pour identifier les signes. La première fois que ça s’est produit, qu’il a muté, il a cru qu’il était devenu fou. Il lui a fallu deux semaines pour recouvrer son calme et son apparence. C’était avant ton emménagement à Forks, donc tu ne t’en souviens pas. Sa mère et Leah Clearwater ont alerté les gardes forestiers et la police, des recherches ont été entreprises. On croyait à un accident…
— Leah ? m’étonnai-je.
Leah était la fille de Harry, le vieil ami de Charlie qui était mort d’une crise cardiaque au printemps.
— Oui, acquiesça Jacob, la voix soudain plus grave. Leah et Sam sortaient ensemble depuis qu’elle était en seconde. Le couple du lycée. Quand il a disparu, elle était morte d’inquiétude.
— Mais Emily et lui…
— J’y arrive.
Il inspira lentement une goulée d’air, la rejeta d’un seul coup. Il était bête de croire que Sam n’avait jamais fréquenté personne avant Emily. La plupart des gens tombent amoureux et rompent plusieurs fois dans leur existence. Simplement, j’avais vu comment lui et elle se comportaient l’un envers l’autre, et je n’imaginais pas Sam avec une autre femme. Cette façon qu’il avait de la regarder… elle me rappelait l’expression d’Edward, parfois, quand il me contemplait.
— Sam est revenu, reprit Jake. Il a refusé de dire où il était passé. Des rumeurs ont commencé à se propager, qu’il filait un mauvais coton, notamment. Puis, un jour, il a croisé le grand-père de Quil, alors que ce dernier rendait visite à Mme Uley. Sam lui a serré la main, le vieux Quil Ateara a failli avoir une attaque.
Jacob rit.
— Pourquoi ?
Mon ami posa sa main sur ma joue et m’attira à lui. Son visage n’était qu’à quelques centimètres du mien — proximité gênante —, et sa paume me brûlait comme s’il avait été fiévreux.
— Ah oui ! compris-je. Sam avait de la température.
— Il irradiait comme s’il était resté assis des heures sur la gazinière.
Jacob était si près de moi que son haleine m’enveloppait. D’un geste décontracté, j’ôtai sa main de ma joue, en prenant soin cependant de nouer mes doigts autour des siens pour ne pas le blesser. Il sourit et recula, pas dupe de ma fausse désinvolture.
— Bref, M. Ateara est allé trouver les autres anciens, enchaîna-t-il. Les survivants qui étaient au courant, qui se rappelaient. Le vieux Quil, Billy et Harry avaient vu leurs grands-pères muter. Une fois au courant, ils ont convoqué Sam à une réunion secrète et lui ont expliqué. Après, les choses ont été plus faciles. Il n’était plus seul. Par ailleurs, les anciens avaient deviné que d’autres garçons seraient affectés par l’installation des Cullen (il prononça ce nom avec une amertume inconsciente), même s’ils n’étaient pas encore assez âgés. Sam a donc attendu que nous le rejoignions…
— Les Cullen ne se doutaient de rien, chuchotai-je. Ils pensaient que les loups-garous n’existaient plus. Ils ignoraient que leur arrivée provoquerait votre retour.
— Cela ne change rien aux faits.
— Rappelle-moi de ne jamais être ton ennemie.
— Excuse-moi si je suis incapable de leur pardonner, contrairement à toi. Tout le monde n’est pas voué à être saint ou martyr.
— Cesse de faire l’enfant, Jacob.
— J’aimerais bien.
— Pardon ? demandai-je, déroutée.
— C’est l’un de ces détails étranges que j’ai mentionnés.
— Tu ne… tu ne grandis pas ? Tu ne vieillis pas ? C’est une plaisanterie !
— Non.
Je me sentis rougir, et des larmes de rage emplirent mes yeux.
— Bella ? Qu’est-ce que j’ai encore dit ?
Je m’étais de nouveau levée, poings serrés, le corps tremblant.
— Tu… ne… vieillis… pas, grondai-je.
— Aucun de nous ne vieillit, précisa-t-il en me tirant doucement par la manche pour que je me rasseye. Pourquoi te mets-tu dans un tel état ?
— Alors, je serai la seule à décrépir ? Parce que moi, je prends une fichue ride tous les jours ! Nom d’un chien ! Qu’est-ce que c’est que ce monde injuste ?
Je criais presque, agitant les bras dans tous les sens, vaguement consciente de piquer une crise à la Charlie, incapable pourtant de me retenir — l’irrationnel avait pris le pas sur la raison.
— Calme-toi, Bella.
— Et toi, ferme-la ! Compris ? Boucle-la ! C’est dégoûtant !
— Sérieux, tu viens vraiment de taper du pied par terre ? s’esclaffa-t-il. Je croyais que les filles ne faisaient ça qu’à la télé.
Je grognai, il resta de marbre.
— Ce n’est pas aussi grave que tu as l’air de le penser, reprit-il. Assieds-toi, que je te raconte.
— Je préfère rester debout.
— Comme tu voudras. En tout cas, écoute-moi. Je vieillirai… un jour.
— Précise.
Il tapota le tronc. J’hésitai, puis finis par m’installer dessus. Ma colère s’était évaporée aussi brutalement qu’elle était née, et la sottise de ma conduite me frappa.
— Lorsque nous nous contrôlons suffisamment pour cesser de muter pendant assez longtemps, nous recommençons à vieillir. Mais cette maîtrise demande pas mal d’années. Même Sam n’a pas encore atteint ce stade. Qu’une bande de vampires traîne dans les parages n’aide pas non plus. Nous ne sommes pas en mesure de renoncer à notre statut quand la tribu doit être protégée. Ce n’est pas une raison pour que tu pètes les plombs. Je suis déjà plus âgé que toi, physiquement parlant du moins.
— Hein ?
— Regarde-moi. Est-ce que je ressemble à un môme de seize ans ?
J’étudiai brièvement sa stature monumentale.
— Pas vraiment, admis-je.
— Exact. Nous atteignons notre maturité en quelques mois lorsque nos gènes lupins sont activés. Une sacrée crise de croissance, au passage. D’un point de vue physique, j’ai sans doute dans les vingt-cinq ans. Alors, inutile de t’angoisser. Tu ne m’auras dépassé en âge que d’ici sept ans.
Vingt-cinq ans. Difficile à avaler. Mais je n’avais pas oublié cette crise de croissance, la façon dont Jake avait grandi d’un coup, quasiment sous mes yeux. Comment il avait changé de jour en jour. Je secouai la tête, en proie au vertige.
— Bon, je continue sur Sam ou tu préfères me hurler dessus pour des choses dont je ne suis en rien responsable ? se moqua-t-il.
— Désolée. Ce sujet est épineux, pour ce qui me concerne.
Il plissa les paupières comme s’il hésitait à formuler ou non une réponse. Désireuse d’éviter certains aspects délicats — mes plans futurs et les traités qu’ils risquaient de rompre —, je l’incitai à poursuivre.
— Donc, résumai-je, quand Sam a pigé ce qui se passait, quand il a reçu le soutien de M. Ateara, de Billy et de Harry, ça n’a plus été aussi dur. Il y avait aussi les côtés… sympa. Pourquoi, enchaînai-je après une brève hésitation, Sam déteste-t-il autant les Cullen ? Et pourquoi voudrait-il que je les déteste également ?
— C’est là que ça devient très bizarre, soupira-t-il.
— T’inquiète, je suis une pro, dans ce domaine.
— Je sais, s’esclaffa-t-il. Tu as raison, Sam sachant ce qui lui arrivait, la suite a été presque chouette. De bien des façons, sa vie est redevenue… sinon normale, mieux. Sauf que Sam ne pouvait rien révéler à Leah. Nous avons interdiction de mettre au courant qui n’a pas besoin d’être dans le secret. De plus, il n’était pas très sain pour lui de traîner avec elle. Il a triché, comme moi avec toi. Leah était furax qu’il ne lui explique rien, ni où il avait disparu, ni où il se rendait la nuit, ni pourquoi il était toujours si fatigué. Malgré tout, ils parvenaient à tenir le coup. Ils s’y efforçaient. Ils s’aimaient vraiment.
— Et elle a fini par découvrir la vérité ?
— Non. Sa cousine, Emily Young est venue de la réserve Makah, en visite pour le week-end.
— Emily est la cousine de Leah ! m’écriai-je, ahurie.
— Au deuxième degré. Mais les familles sont proches. Elles étaient comme des sœurs, petites.
— C’est… affreux ! Comment Sam a-t-il pu…
— Ne le juge pas trop vite. As-tu déjà entendu parler d’imprégnation ?
— Non. Qu’est-ce que c’est ?
— Une des bizarreries avec lesquelles nous devons composer. C’est assez rare, l’exception plutôt que la règle. Sam connaissait les histoires, désormais, ces récits dont nous pensions tous qu’ils constituaient nos légendes ancestrales. L’imprégnation en faisait partie. Pourtant, il ne se serait jamais attendu à ce que…
— Dépêche ! m’impatientai-je.
— Sam aimait Leah, murmura-t-il, le regard perdu sur l’océan. Mais, quand il a vu Emily, cet amour n’a plus compté. Parfois, et nous ne comprenons pas exactement pourquoi, nous trouvons nos partenaires de cette façon. Nos âmes sœurs, s’empressa-t-il de corriger en rougissant.
— Le coup de foudre ? ricanai-je.
— C’est un peu plus fort que ça, répondit-il, réprobateur. Plus absolu.
— Navrée. Tout cela est très sérieux, n’est-ce pas ?
— Oui.
— L’amour à la première rencontre. Plus puissant que le coup de foudre.
Il perçut mon scepticisme.
— Ce n’est pas facile à définir. De toute façon, ça n’a aucune importance. Tu demandais pourquoi Sam hait les vampires qui l’ont amené à muter et à se haïr lui-même. Tu le sais, maintenant. Il a brisé le cœur de Leah. Il a repris toutes les promesses qu’il lui avait faites, il est condamné à croiser ses yeux accusateurs chaque jour et il est conscient qu’elle est dans son droit.
Il se tut soudain, comme s’il regrettait d’en avoir trop dit.
— Comment Emily gère-t-elle la situation ? Si elle était proche de Leah…
Il était tellement évident pour moi que Sam et elle étaient destinés l’un à l’autre. Ils formaient les deux pièces d’un unique puzzle. Néanmoins, Emily avait dû surmonter l’attachement premier de Sam à une autre, à sa sœur ou tout comme.
— Au début, elle s’est fâchée. Mais il est dur de résister à un tel degré d’adoration et de dévouement. Et puis, Sam avait le droit de tout lui raconter. Les règles ne s’appliquent plus dès lors que tu as trouvé ta moitié. Tu te rappelles comment elle a été blessée ?
— Oui.
À Forks, la rumeur évoquait l’attaque d’un ours. J’étais dans le secret, cependant. « Les loups-garous sont instables, blessant parfois leur entourage », m’avait rappelé Edward.
— Ça peut sembler paradoxal, mais c’est comme ça qu’ils ont fini par régler leur différend. Sam était si horrifié, si dégoûté de lui-même, si plein de haine pour son geste… Il se serait jeté sous un bus si cela avait pu arranger les choses. Ne serait-ce que pour échapper à la culpabilité. Il était démoli. C’est elle qui l’a réconforté, et après…
Il ne termina pas sa phrase — la suite était sans doute trop personnelle.
— Pauvre Emily, murmurai-je. Pauvre Sam, pauvre Leah…
— Oui, c’est elle qui a souffert le plus. Elle a été courageuse. Elle sera leur demoiselle d’honneur.
Je regardai en direction des rochers déchiquetés qui, au sud de la baie, émergeaient de la mer comme des moignons de doigts brisés. J’essayais de donner un sens à ce que je venais d’entendre. Je sentais les prunelles de Jacob posées sur moi, guettant ma réaction.
— Est-ce que ça t’est arrivé ? finis-je par m’enquérir sans me tourner vers lui. Ce coup de foudre ?
— Non, rétorqua-t-il sèchement. Sam et Jared sont les seuls.
— Ah ! opinai-je en tâchant de ne montrer qu’un intérêt poli.
En réalité, j’étais soulagée. Heureuse que Jake n’affirmât pas qu’un lien mystique nous unissait. Notre relation était déjà assez confuse comme ça, et j’avais largement ma dose de surnaturel sans en rajouter. Un silence un peu embarrassé s’installa.
— Comment cela s’est-il passé, pour Jared ? lançai-je, afin de dissiper le malaise.
— Rien d’aussi dramatique que pour Sam. Juste une fille, sa voisine de classe depuis un an et à laquelle il n’avait jamais prêté attention. Lorsqu’il l’a revue, après sa transformation, il en est devenu obsédé. Kim est ravie. Elle était éprise de lui depuis un moment. Elle avait même inscrit leurs prénoms entremêlés dans son journal intime.
Il éclata d’un rire moqueur.
— C’est lui qui te l’a raconté ? Il n’aurait pas dû.
— Tu as raison, c’est mal de rire. Mais c’est drôle.
— Jolie âme sœur, ce Jared, à colporter les secrets de sa chérie !
— Oh ! il ne nous a rien dit, soupira Jacob. Je t’en ai déjà parlé, tu te souviens ?
— Ah, oui ! Vous percevez les pensées des autres. Juste quand vous êtes loups, c’est ça ?
— Oui. Comme ton buveur de sang.
— Edward.
— Oui, oui. Voilà pourquoi j’en sais tant sur les ressentis de Sam. Lui aurait préféré garder cela pour lui. D’ailleurs, nous détestons cela, tous. C’est abominable. Aucune intimité, aucun secret. Toutes tes hontes étalées au grand jour.
Il frissonna.
— Ça paraît en effet assez atroce, convins-je.
— Des fois, c’est utile. Quand nous avons besoin de coordonner nos mouvements, par exemple. Lorsqu’une sangsue pénètre sur notre territoire. On s’est bien amusés, avec Laurent. Et si les Cullen ne s’étaient pas mis dans nos pattes samedi dernier… Nom d’une pipe ! On l’aurait eue.
Il serra les poings, je sursautai. J’avais beau m’inquiéter pour Jasper et Emmett, mon angoisse n’était rien en comparaison de celle que j’éprouvais à l’idée que Jacob affronte Victoria. Les frères d’Edward étaient presque indestructibles. Jake était encore plein de chaleur, plus humain. Mortel. J’imaginai mon ennemie intime, tignasse rousse ébouriffée encadrant un visage étonnamment félin… et frémis.
— Mais ça fonctionne comme ça pour toi aussi, non ? me demanda Jacob, intrigué. Ton buv… il est tout le temps dans ton esprit.
— Oh, non ! Cela ne se produit jamais. Il le regrette assez, au demeurant.
Jake parut décontenancé.
— Edward ne p
erçoit pas mes pensées, précisai-je. Je suis une exception, apparemment. Pas d’explication logique, au passage.
— Zarbi.
— Oui. Je dois être dérangée.
— Exactement ce que je me disais.
— Merci.
Soudain, le soleil surgit derrière les nuages, surprise inattendue qui m’obligea à plisser les paupières pour m’éviter d’être éblouie par les reflets qui dansaient sur l’océan. Le paysage changea de couleur — les vagues virèrent du gris au bleu, les arbres d’un olive sourd à un jade luisant, et les galets bigarrés se firent joyaux. Mis à part le grondement creux du ressac qui rebondissait sur les falaises entourant la baie, le crissement des galets roulant les uns sur les autres, les cris des mouettes qui volaient haut dans le ciel, il n’y avait aucun bruit. Nous étions en paix.
Jacob se rapprocha de moi, s’appuyant contre mon bras. Il émanait une telle chaleur de lui que, au bout d’un moment, je retirai ma veste. Posant sa joue au sommet de mon crâne, il émit un petit ronronnement de plaisir issu du fond de la gorge. Le soleil caressait ma peau, moins bouillant que Jacob. Vaguement, je m’interrogeai sur le temps que je mettrais à me consumer. Sans réfléchir, je tournai ma main sur le côté, observant la façon dont le soleil se reflétait sur la cicatrice dont James m’avait marquée.
— À quoi songes-tu ? murmura Jacob.
— Au soleil.
— Mmm. C’est bon.
— Oui. Et toi ?
— Je me rappelais ce film idiot où tu m’as traîné. À Mike Newton, dégobillant tripes et boyaux.
Je ris, surprise de constater à quel point les mois avaient modifié ce souvenir. À l’époque, il avait été empreint de tension et de confusion. Tant de choses avaient changé, ce soir-là… or, voilà que j’étais capable d’en rigoler. Cela avait été notre dernière nuit avant que je n’apprenne la vérité à propos de l’héritage des Quileute. L’ultime réminiscence de Jake en tant qu’humain. Or, elle était devenue agréable.
— Ça me manque, soupira-t-il. Tout était si facile, à l’époque. Je suis heureux d’avoir bonne mémoire.
Ces paroles réveillèrent aussitôt un point sensible, et je me raidis.
— Qu’y a-t-il ? me demanda-t-il.